Les maraîchers bretons viennent à la rescousse de la vanille de la Réunion

Ouest-France Lea Coupali -20 Février 2025
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Alors que la production de vanille n’a cessé de baisser à La Réunion depuis les années 2000 avec le réchauffement climatique, une nouvelle vient de naître dans les Côtes-d’Armor. De quoi donner des idées chez les îliens qui viennent échanger avec leurs homologues bretons.

Gilbert Brouder, président des Maraîchers d’Armor, et Willy Boyer, président de la Coopérative de Bras Panon, sur l’île de La Réunion, ensemble, à Paimpol (Côtes-d’Armor).

La coopération n’était pas si évidente que ça. Et pourtant… Quand ces trois producteurs de Prince de Bretagne, ont eu, en 2019, cette « idée folle » de produire de la vanille dans leurs serres, une première en France, ils ont dit pourquoi pas. « Chez nous, beaucoup ont vu ça d’un très mauvais œil . C’était comme du vol », convient Willy Boyer, président depuis 2006 de la coopérative de vanille de Bras-Panon, commune de la Réunion et terre de « l’or noir ». Là-bas, la vanille se produit « avec le cœur » de génération en génération depuis plus de cent ans.

« Mais on ne peut pas empêcher les gens de faire ce dont ils ont envie », poursuit celui, venu, cette fin février 2025, découvrir les gousses entre Camlez et Plouha.

Aujourd’hui, les 150 membres de sa coopérative produisent 60 % de la vanille comestible dans le département d’outre-mer, bercé par un climat chaud et humide.

En 2022, les Bretons, en déplacement à plus 9 000 km d’ici, ont d’ailleurs voulu reproduire cet environnement spécifique. « Une mauvaise idée », reconnaissent-ils, trois ans après. « Le climat breton — et sous serre — va tout aussi bien à la vanille, qui supporte l’humidité et une température de 18-20 degrés », assure Pierre Guyomar, l’un des trois producteurs bretons.

De leur voyage, ils ont tout de même rapporté des savoirs « au sujet de la transformation des gousses notamment », ajoute l’agriculteur de Camlez. Début 2025, ceux qui sont encore à leurs débuts produisent déjà plusieurs centaines de kilogrammes dans les Côtes-d’Armor, vendus à un peu moins de 9 € la gousse.

Mais ce 19 février 2025, c’est la coopérative réunionnaise qui est venue voir les miracles de celle costarmoricaine. Parce qu’aujourd’hui, chiffres à l’appui, leur vanille est en danger avec l’accélération du changement climatique.

Les 150 Outre-marins produisent 15 à 20 tonnes par an, contre 60 dans les années 1960. Un taux instable et qui décroît. Floris Courtois sait de quoi il parle. En 2020, il récoltait une tonne à lui tout seul. Aujourd’hui, c’est 13 kg.

Avec une culture en sous-bois, verrouillée par une indication géographique protégée (IGP), « on est extrêmement dépendant des températures, du soleil, du taux d’humidité dans l’air », explique Willy Boyer.

Ces dernières années, il a fait tantôt trop chaud, tantôt trop froid, les pluies ont été moins nombreuses, mais plus denses, déstabilisant l’orchidée qui offre ces fleurs et plus tard cet « or noir ».

Alors, se déplacer auprès de la coopérative des Maraîchers d’Armor, à Paimpol, c’est l’occasion d’apprendre les techniques bretonnes « sur les modes de production sous serres ». « Il faut qu’on augmente notre production, et pourquoi pas, mettre en place à Bras-Panon un centre technique sur le modèle de la station expérimentale de Pleumeur-Gautier » d’où sont sorties les gousses bretonnes, appuient les Réunionnais. « C’est vraiment du gagnant-gagnant. »

Parmi les visiteurs, Yohann Maillot, technicien réunionnais, doit d’ailleurs rester jusqu’à fin février en Côtes-d’Armor « pour emmagasiner un maximum d’informations » avant de repartir sur l’île. Mais de là à dire qui des Bretons ou des îliens offrent la meilleure vanille, il y a encore un pas. La réponse pourrait être donnée ce mardi 25 février 2025 au Salon de l’agriculture où les deux produits s’affronteront au concours général agricole dans la même section.

https://www.princedebretagne.com/nos-legumes/vanille-de-bretagne